Né en 2001 à Paris, Yena Aruna est un artiste pluridisciplinaire franco-malien. Son œuvre témoigne de la richesse de ses influences, oscillant entre le portrait européen et les couleurs de la multiculture. Fruit d’une génération aux références multiples et cosmopolites, Yena puise son inspiration des mangas et superhéros de son enfance, de la culture est-asiatique qui ne cesse de s’étendre, de ses racines et de l’Humain. Témoin d’une société morne et individualiste, son travail se veut optimiste par nature, vibrant de couleurs : « Je veux, à travers mes portraits, dynamiser l’homme moderne, le représenter pour ce qu’il est et non pour ce qu’il représente aux yeux des autres ».

Lors de son dernier voyage au Japon en février 2023, Yena Aruna découvre des techniques ancestrales asiatiques qu’il s’applique à apprendre, affinant ainsi la fusion multiculturelle et la dimension d’onirisme imprégnants ses œuvres.

Sur ses nouvelles séries, Yena Aruna travaille sur une toile pré-préparée y appliquant différents médiums. L’utilisation de pigments naturels japonais constitue la base de sa coloration qu’il associe avec une technique ancestrale appelée le sumi-e 墨絵 « peinture à l’encre » (ou également suiboku-ga 水墨画 « image à l’eau et à l’encre » à base d’encre traditionnelle sumi ( 墨 ). Une fois cette technique travaillée, Yena Aruna coupe et colle, complète et marque son portrait le faisant avancer au premier plan, créant ainsi une proximité avec son sujet.

Yena Aruna a longtemps cherché la signature parfaite, le symbole qui rendrait ses toiles reconnaissables. Il a trouvé la réponse en la technique du tampon traditionnel chinois, choisissant ainsi les figures entremêlées du Gibbon et du Macaque comme emblèmes.

En choisissant le gibbon et le macaque en tant qu’artiste et homme noir, Yena Aruna se réapproprie ces figures de singes à connotation négative stigmatisante tout en les liant à son art. Le sens change, l’acte de réappropriation ouvre alors celui de l’hommage. Hommage aux croyances asiatiques, notamment à la légende de Sun Wukong ou Son Gokû, singe né de la roche et d’un dieu qui a largement inspiré la culture manga dans laquelle Yena Aruna a baigné. Hommage aux croyances asiatiques qui canonisent le singe et en font le lien entre mortels et divins.

Pour pousser encore plus loin dans le symbolique, le gibbon et le macaque représentent également le dilemme de l’artiste : celui de rester fidèle à son âme d’enfant dans la création tout en faisant preuve d’un certain rationnel.

Le macaque représente l’enfant espiègle, rusé qui part à l’aventure pour voir le monde, sans peur et sans regret. L’enfant qui vit pour lui et par lui-même. Il s’oppose au gibbon : la sagesse, la maturité que le macaque a encore à trouver. L’homme accompli, dont l’intellect fait la force et la solidité.